« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


lundi 14 décembre 2015

Le monopole libéral




Stéphane Gobeil

C’est Mario Dumont qui a d’abord attiré mon attention en déplorant la possibilité qu’il ne voit rien d’autre qu’un gouvernement libéral de son vivant. L’ancien chef politique est pourtant bien jeune. À 43 ans au moment de sa chronique, il pouvait espérer vivre encore 37 autres belles années selon l’Institut de la statistique du Québec. Le Parti libéral au pouvoir à Québec pour les prochaines décennies ? Voyons-donc ! C’est ce que je me suis dit au départ. Mario exagère. J’ai relu son texte une seconde fois. Et je fus bien obliger de constater avec lui que la perspective de voir les libéraux confisquer le pouvoir pour longtemps est plausible, voire probable.
 
En creusant un peu les résultats des élections passées, j’ai fait une découverte stupéfiante. Depuis 1981, les libéraux n’ont jamais obtenu moins de 47 sièges ! Ça fait plus de 30 ans que les rouges n’ont pas été sous ce plancher. Ça signifie qu’à chaque élection, ils partent avec un minimum d’une cinquantaine de sièges.
 
Cet avantage n’est pas à veille de disparaître. Au contraire, il va en s’accroissant. La base libérale est constituée des Québécois non francophones. Avec l’entrée massive des immigrants au Québec (un des endroits où on en accueille le plus dans le monde, per capita), cette base s’accroît chaque année. Dans le dernier sondage Léger, le PLQ obtenait l’appui massif des non-francophones, à 75%. L’autre base forte des libéraux, ce sont les personnes âgées de plus de 65 ans, qui votaient libéral à 48%. Là encore, le vote rouge a de beaux jours devant lui, vieillissement de la population oblige.
 
Cette base est tellement forte et stable que les libéraux peuvent se passer d’une forte majorité du vote francophone. Dans le Léger cité plus haut, ils n’obtiennent que 24% du vote francophone et pourtant, à 35% des intentions de vote, le PLQ serait réélu.
 
Cette base est tellement forte et stable que les libéraux peuvent se passer d’une forte majorité du vote francophone. Si on accepte l’idée que Québec solidaire obtienne au moins trois sièges en 2018 et la CAQ ou le PQ au moins 10 chacun, il devient mathématiquement impossible pour un des partis d’opposition de former un gouvernement majoritaire. Il faut en effet 63 sièges sur les 125 pour y arriver.
 
Lors des élections de 2014, les 2/3 des francophones ont voté pour la CAQ, le PQ ou QS. Et pourtant, Philippe Couillard a facilement obtenu une majorité. Beaucoup de Québécois francophones se demandent comment ça se peut que les libéraux gagnent alors que dans leur entourage, les libéraux sont durs à trouver. En fait, il faut chercher du côté des non francophones et des personnes plus âgées.
 
On voit que Mario Dumont a bien raison de s’inquiéter. Grâce à la concentration du vote non francophone et la division du vote francophone, les libéraux sont partis pour gouverner longtemps. Peut-être aurons-nous droit à un gouvernement minoritaire du PQ ou de la CAQ de temps à autre, comme en 2012, mais ce ne seront probablement que de brefs épisodes.
 
Alors, ne connaître que la gouverne libérale de votre vivant, ça vous plaît comme perspective ?
 
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