« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


vendredi 30 octobre 2015

Le problème autochtone québécois : une bombe à retardement amorcée par le gouvernement fédéral

 
 
Louis Lapointe
Vigile.québec
 
Reprise d’un texte écrit et publié le 31 mars 2008
 
Tous les yeux des Québécois préoccupés par les droits des peuples à vivre
dans la dignité et la liberté sont présentement tournés vers la Chine,
alors qu’il y a péril en la demeure, ici même au Québec. Le Tibet et la
Chine ont fait la première page de tous nos journaux quelques jours après
la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo, alors qu’il existe au
Québec un tiers-monde bien à nous, maintenu dans un état de
sous-développement chronique par le gouvernement fédéral et qui ne soulève
que peu d’émotions et de sympathie de notre part, comme l’ont si bien
démontré Richard Desjardins et Robert Monderie dans leur film « Le Peuple
invisible ».  Si les Québécois et leur gouvernement ne se réveillent pas
bientôt, il se pourrait bien que, pour les mêmes raisons que la communauté
internationale a appuyé la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo
et appuie actuellement les revendications du Tibet à l’endroit de la Chine,
la souveraineté du Québec sur de nombreux territoires au Nord du Québec
soit menacée.
 
Parce que nous n’avons pas la juridiction sur les populations autochtones
qui occupent nos territoires, nous risquons d’être mis devant le fait
accompli d’une situation que nous avons contribué à laisser perdurer par
notre silence et notre mutisme. Notre ignorance de ces populations ne sera
plus une excuse lorsque les autochtones du Québec revendiqueront le droit à
l’autodétermination sur certains territoires qu’ils occupent depuis des
temps immémoriaux ; lorsque ces Autochtones invoqueront les mauvais
traitements subis dans les pensionnats catholiques, les enfants violés et
battus par nos bons ecclésiastiques québécois ; lorsque les Autochtones
souligneront l’état d’extrême pauvreté, de sous scolarisation et de sous
développement dans lequel vivent de nombreuses communautés. Lorsque les
Autochtones auront fait la démonstration de notre négligence à les aider
quand nous aurions pu le faire, ils apporteront aux ennemis du Québec les
bonnes raisons pour partitionner le territoire québécois. Ce territoire sur
lequel nous n’avons jamais pu totalement exercer notre souveraineté en
raison de l’existence d’une constitution qui nous prive des outils
fondamentaux pour le faire. Nous ne pourrons alors blâmer d’autres que
nous-mêmes, puisque nous serons les seuls responsables de notre retard à
quitter le Canada quand il était temps, laissant la Cour Suprême éroder
inexorablement les pouvoirs du Québec jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à
gruger.
 
Il sera peut-être trop tard pour réagir lorsque le gouvernement du Québec
réalisera que le Québec aurait du quitter le giron constitutionnel du
Canada bien avant que l’irréparable arrive, parce que le gouvernement
fédéral ne s’opposera pas à la partition ethnique du Nord du Québec, même
si c’est en raison de sa propre turpitude, de son incurie et de son
incapacité à bien administrer les populations autochtones sous sa
juridiction que cela se produit ; parce que le reste de la planète sera
témoin du tiers-monde qui existe au Québec et nous tiendra responsable à la
place du Canada, puisqu’il s’agit de population habitant notre territoire ;
parce que ce sera l’intérêt manifeste du Canada de voir le Québec affaibli
face à la communauté internationale.
 
Le jour où le reste du Canada applaudira parce que la politique raciste de
son gouvernement à l’égard des autochtones du Québec aura insidieusement
contribué à affaiblir la souveraineté du Québec sur les territoires occupés
par des Autochtones, il sera trop tard. L’eau et l’énergie du Nord ne
seront plus sous la juridiction du Québec ; les projets d’harnachement des
grandes rivières du Nord nous échapperont et le Québec aura encore été
floué et affaibli par ses bons amis canadiens, comme il l’a été tout au
long de son histoire depuis la conquête de 1760.
 
Que ceux qui appuient la partition ethnique du Kosovo et sont outrés par
le traitement de la Chine à l’égard du Tibet se rassurent, les Canadiens ne
seront pas les seuls à applaudir lorsqu’on morcellera notre territoire pour
des raisons ethniques et humanitaires. Tous ceux qui ont des velléités sur
l’eau du nord, en particulier nos voisins du sud, y verront une occasion
d’échanger d’importants capitaux privés contre le droit d’y exploiter les
nombreuses ressources naturelles qui y regorgent. Les Autochtones n’auront
alors aucune raison de lever le nez sur d’importants moyens financiers qui
leur ont toujours fait défaut et qui seront alors mis à leur disposition.
Ce jour-là, il n’y aura plus aucun traité qui subsistera, l’argent aura
tout acheté. Nos tentatives de réconciliation, trop tardives pour paraître
honnêtes, n’y changeront rien, elles seront toutes repoussées. Money talk
 

Québec déploie un parachute d’un milliard



C’est confirmé : le gouvernement libéral vole au secours de Bombardier en engageant 1 milliard de dollars américains dans la poursuite du programme CSeries. En Chambre, l’opposition à Québec a aussitôt dénoncé la nature risquée de l’aventure, qualifiant le gouvernement de « piètre négociateur ». Les employés et les acteurs de l’aéronautique ont plutôt applaudi une intervention gouvernementale stratégique en appui à une société phare de l’industrie aéronautique au Québec.
 
Bombardier cherchait des partenaires pour son programme CSeries. Le développement des appareils CS100 et CS300 cumule les retards et voit son coût dépasser désormais les 5,4 milliards de dollars américains, soit près de 60 % de plus que l’enveloppe originale. Après avoir testé l’intérêt d’Airbus, la multinationale québécoise a finalement répondu à l’offre maintes fois formulée par le gouvernement, qui injecte 1 milliard de dollars dans la poursuite du programme. L’investissement, puisé à même le Fonds du développement économique, sera administré par Investissement Québec.
 
Le gouvernement obtiendra, en retour, une participation de 49,5 % dans une société en commandite créée à cette fin. En contrepartie d’une participation de 50,5 %, Bombardier y transfère les quelque 1700 employés affectés au développement des appareils, des contrats de fournisseurs et de clients ainsi que les éléments d’actif et les propriétés intellectuelles nécessaires pour poursuivre les activités de conception, de fabrication et de commercialisation des avions biréacteurs CS100 et CS300, peut-on lire dans le communiqué publié par le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust. La commandite sera présidée par l’ex-premier ministre du Québec Daniel Johnson, qui siège au conseil de Bombardier depuis 1999.
 
Autre élément digne d’intérêt, Québec recevra 200 millions de bons de souscription d’une durée de cinq ans, chacun lui donnant le droit d’acheter une action de classe B de Bombardier à un prix unitaire équivalant, en dollars américains, à 2,21 $CAN. Et l’État reçoit l’engagement de Bombardier qu’elle conservera au Québec, pendant une période de 20 ans, le siège social stratégique de la commandite, y compris le maintien des activités de fabrication à Mirabel, de recherche et développement, et autres activités connexes.
 

vendredi 23 octobre 2015

Discours de Gilles Duceppe prononcé le 22 octobre 2015


BLOC Québécois
Madame,
Monsieur,
Nous vous transmettons le discours prononcé par Gilles Duceppe le 22 octobre 2015.


BLOC Québécois

Discours prononcé le 22 octobre 2015
Bonjour,
Vous me permettrez avant de commencer de souhaiter un joyeux anniversaire à ma mère, qui a 90 ans aujourd’hui : bonne fête maman.
Cette journée marque un moment important pour ma famille et moi, alors que je tourne la dernière page d’une aventure politique passionnante. Cette aventure a débuté en 1990. Cette année-là, mon père, Jean Duceppe, a affirmé devant des centaines de milliers de personnes réunies pour la fête nationale, que le Québec était dorénavant notre seul pays. C’était bien ce que des millions de Québécois ressentaient après que le Canada ait rejeté l’Accord du lac Meech. Après nous avoir imposé une Constitution sans aucune consultation démocratique, voilà que le Canada rejetait les quelques demandes minimales de la nation québécoise. Nous avons bataillé ferme pour faire aboutir ce pays, notre pays.
De 1990 à 1993, nous étions une poignée de députés à la Chambre des communes. Avec Lucien Bouchard, le Bloc Québécois a balayé le Québec aux élections de 1993, le parti de gouvernement étant réduit à deux sièges. À la tête du Parti Québécois, M. Parizeau a organisé la plus formidable coalition souverainiste de l’histoire en 1995 et nous sommes venus à un cheveu de remporter le référendum. Le pays, qui était à portée de main, nous a malheureusement échappé.
Pour autant, nous n’avons jamais baissé les bras. Je suis très fier de ce que le Bloc a accompli par la suite. Nous avons par exemple été le premier parti à défendre rigoureusement et sans jamais faiblir le protocole de Kyoto et la lutte aux changements climatiques. Nous avons été les premiers à plaider et à proposer un plan pour réduire la dépendance du Québec au pétrole.
Nous avons débusqué et dénoncé nombre de malversations du gouvernement libéral de l’époque, dont l’immense opération de propagande qui allait déboucher sur le scandale des commandites. Nous avons amorcé la longue bataille qui allait permettre au Québec de créer un programme de congés parentaux moderne et généreux.
Les chantiers de réflexion du Bloc sur la mondialisation et la citoyenneté auront lancé de vastes débats qui se poursuivent encore aujourd’hui. Cet exercice a permis de moderniser le projet souverainiste, ce qui a fait dire à M. Parizeau que le Bloc était devenu le fer de lance du mouvement.
Aux élections de novembre 2000, le Bloc a encore une fois remporté une majorité de circonscriptions québécoises. Les batailles furent innombrables. Nous avons finalement obtenu l’adoption d’une loi antigang, de même que la reconnaissance et le règlement partiel du déséquilibre fiscal.
Tout au long de ces années, j’ai mis un point d’honneur à exprimer ce qui selon moi représenterait les positions d’un Québec indépendant en matière de politique étrangère. Nous avons représenté le Québec avec rigueur, avec dignité et avec un sens aigu des responsabilités.
Sous ma direction, le Bloc aura été le parti de tous les Québécois, en particulier des plus humbles d’entre nous. En utilisant pleinement les moyens limités d’un parti d’opposition, nous avons littéralement sorti des dizaines de milliers de personnes âgées de la pauvreté. Le Bloc Québécois en est venu à incarner le combat pour que le programme d’assurance-emploi tienne compte de la réalité du travail saisonnier. À Ottawa, nous avons été les meilleurs alliés des nations autochtones.
Nous avons établi de nouveaux standards pour les partis d’opposition dans les débats budgétaires. Nous sommes devenus au fil du temps un véritable laboratoire d’idées. Et les Québécois nous ont fait confiance encore en 2004, puis en 2006 et en 2008.
Nous avons essuyé notre première défaite en 2011. Une défaite qui fut dure à encaisser, bien entendu. Après tout, nous avions remporté six victoires d’affilée! Pour un parti dont la pertinence fut questionnée à chaque occasion, il y a là tout un accomplissement. Mais quand on y repense, subir une première défaite en sept élections en terminant deuxième n’avait rien de déshonorant.
Cette fois-ci, le Bloc Québécois jouait carrément son existence et mon retour visait à sauver ce parti, qui demeure important pour les 817 000 Québécois qui ont voté pour nous. Avec l’élection de dix députés, l’avenir de notre formation est assuré pour les quatre prochaines années. J’aurais évidemment aimé en obtenir davantage et être moi-même élu dans ma circonscription. Mais somme toute, je quitte avec le sentiment du devoir accompli.
Si j’ai reporté cette annonce de deux jours, c’est que je voulais m’assurer de laisser un parti en ordre, sans dette, qui fait une place importante à la relève, avec une aile parlementaire organisée.
Cette dernière campagne fut pour moi une des plus belles, sinon la plus belle. Nous avons affronté beaucoup d’adversité avec notre petite équipe, mais le plaisir a toujours été au rendez-vous. Cette équipe, réduite en nombre, a réussi à offrir une qualité exceptionnelle aussi bien en matière de contenu, d’organisation que de communications.
Les candidats, recrues pour la plupart, ont montré un enthousiasme qui ne s’est pas démenti jusqu’à la fin. La présence nombreuse des jeunes, tant au sein du personnel que parmi les militants et les candidats, m’a beaucoup réjouie et représente un gage d’avenir. Les militants souverainistes se sont présentés, nombreux, dans tous nos évènements, de Hope en Gaspésie jusqu’à Montréal, Québec et partout où nous sommes passés. Des milliers de personnes ont repris leur carte de membre et contribué financièrement. Je les en remercie.
J’ai eu le privilège d’avoir Yolande à mes côtés pendant toute la campagne, ce qui nous a permis de faire ensemble plusieurs tours du Québec et de rencontrer des milliers de personnes. L’accueil des Québécois à notre égard m’a fortement touché. Le respect, la gentillesse et l’engagement de toutes ces femmes et ces hommes, de toutes les régions et de tous les âges, je vais m’en souvenir longtemps.
Le pays que j’ai revisité de fond en comble, notre pays le Québec, est vraiment magnifique ; le territoire est grandiose, diversifié, riche. Le territoire québécois, c’est fabuleux. Le peuple québécois, c’est encore mieux.
J’aime profondément le Québec, notre territoire, notre histoire, notre peuple. Nous formons une nation, ni pire, ni meilleure que les autres. Nous sommes différents, tout simplement. Ce sont précisément ces différences qui font la beauté du monde.
Dans l’histoire d’un peuple, il y a des hauts et des bas. Ce qui m’a guidé tout au long de cette aventure de 25 ans, c’est cette conviction intime, qui ne m’a jamais quitté une seconde, que le seul avenir digne de ce nom pour notre peuple consiste à devenir un pays indépendant. Plutôt que de demeurer une province dans le Canada, que le Québec devienne un pays dans le monde. Comme souverainistes, nous avons le devoir de ne jamais, jamais abandonner nos convictions.
Comme nation, nous avons une responsabilité face à l’histoire, à la suite de celles et de ceux qui nous ont devancés. Nous avons la responsabilité de durer, de transmettre aux prochaines générations la fierté de faire partie de cette nation francophone des Amériques.
 

Gilles Duceppe

BLOC Québécois · 3750, boul. Crémazie, bur. 502, Montréal (Québec) H2A 1B6
Ce courriel a été envoyé à dhrgolf@videotron.ca. Pour ne plus recevoir de courriel, cliquez ici.
Vous pouvez suivre le BLOC Québécois sur Facebook.
Autorisé par Line Daigneault, agente principale du Bloc Québécois