« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


mercredi 29 janvier 2014

Charte de la laïcité: Un témoignage percutant d'un ex-professeur universitaire




Magnifique témoignage pro-charte d'un immigrant égyptien M. René Tinawi (prof. retraité de l'École Polytechnique de Mtl) en cette première journée de commission sur la charte de la laïcité et des valeurs québécoises. Le dialogue qui s'en suit est des plus intéressant. À écouter...



Durée: près d'une heure


La propagation du voile islamique - Les raisons historiques

Ici son mémoire à la Commission parlementaire sur le sujet de la Charte: http://sisyphe.org/spip.php?article4668

Merci Lolo

mercredi 22 janvier 2014

Club 357c : là où se décide en secret l’avenir du Québec



Par Eric Granger
L’existence du Club le 357c m’était inconnu il y a quatre mois. J’ai découvert que ce club d’élite existait au mois d’août dernier lorsque je faisais une recherche sur  François Legault et la fondation de la Coalition Avenir Québec. Je suis ravi de voir maintenant que l’existence de ce club privé fait maintenant les manchettes grâce à la Commission Charbonneau.
J’ai montré dans mon reportage vidéo François Legault, ce n’est pas du changement que François Legault avait planifié en secret la création de son nouveau parti à l’intérieur des murs du 357c en compagnie de son mentor politique, Lucien Bouchard. Ce n’est pas moi qui l’ai dit en premier, mais plutôt deux journalistes d’expérience du Globe and Mail. Les Perreaux et Rhéal Séguin écrivaient un article le 16 décembre 2011 intitulé « Sovereignty losing ground in Québec » dont je vous traduis ici les deux premiers paragraphes :
« Au début de 2010, dans un club privé exclusif du Vieux-Montréal, Lucien Bouchard rencontrait son ancienne meilleure recrue, François Legault, afin de parler politique et de la nécessité d’un nouveau parti au Québec.
Le club, qui s’appelle le 357c en raison de son adresse vieille de 200 ans sur la rue de la Commune, se qualifie comme un endroit où la pensée créative peut être menée dans le plus grand confort et la plus grande discrétion. Et cette occasion demandait la discrétion. »
J’ose croire que ces deux journalistes du Globe and Mail savent de quoi ils parlent, qu’ils ont obtenu cette information privilégiée d’une façon ou d’une autre. Pourquoi écriraient-ils une telle chose sinon ?
Dire que François Legault a avoué avoir été une fois au 357c et que c’était pour un défilé de mode. Bien sûr, il ment. Il compte sur le fait que les Québécois ne lisent pas le Globe and Mail.
Depuis quelques jours, on apprend grâce à la Commission Charbonneau que beaucoup d’élus ont fréquenté le 357c pour y tenir des réunions discrètes, sinon secrètes.
Jean-Marc Fournier, Line Beauchamp, Pierre Moreau, Tony Tomassi (et bien d’autres libéraux) ont fréquenté le club exclusif.
Cependant, ce qui est intéressant, c’est la quantité de péquistes membres du gouvernement actuel qui ont profité du luxe et de la discrétion du 357c. La première ministre Pauline Marois, le ministre de la santé Réjean Hébert, le ministre des finances Nicolas Marceau et même le ministre des relations internationales, Jean-François Lisée.
Nicolas Marceau a dit y avoir été sur l’invitation du président de la Chambre de commerce, Michel Leblanc, alors qu’il était dans l’opposition. Il ne faut pas se surprendre si le dernier budget du ministre Marceau a rassuré et a plu au milieu des affaires et aux marchés financiers. Ce n’est peut-être pas pour rien que Michel Leblanc a loué le budget Marceau le jour de sa publication. A vous de voir.
Jean-François Lisée, lui, a utilisé la technique classique pour banaliser sa fréquentation douteuse du 357c : la dérision. Sa dernière entrée de blogue a pour titre : « Mes conspirations au 357c ». Son texte vise à atténuer le sérieux de l’affaire en utilisant le sarcasme et l’humour pour ridiculiser tous ceux qui pourraient croire à un copinage quelconque. 

Dans son texte, il avoue avoir rencontré à plusieurs reprises son ami Lucien Bouchard (encore lui !), il écrit :  « Lui avocat, moi universitaire et blogueur, nous avons conspiré ensemble à deux ou trois reprises. […]Nous avons fait l’un envers l’autre un lobby insistant en faveur de tel livre qu’il faut lire, tel film qu’il ne faut pas voir, tel voyage qu’on voudrait faire ». C’est un peu trop facile comme méthode, et de cette façon, il ne répond à aucune question sérieuse sur le sujet.
Lucien Bouchard est le nom qui revient le plus souvent au sujet du 357c. Pauline Marois l’a rencontré en ces lieux, Lisée bien sûr et il ne faut pas oublier François Legault qui a planifié la création de la CAQ avec ce dernier à l’intérieur du club privé. Et selon les dires de Legault, ça s’est passé pendant un défilé de mode. T’inquiête pas, on te croit François…
Bien sûr, il est impossible de savoir ce qui se passe ou se dit vraiment au 357c, car le secret (ou la discrétion si vous préférez) est de mise. Toutefois, ça ne prend pas la tête à Papineau pour voir qu’il y a quelque chose de pas très catholique qui se passe à l’intérieur du superbe immeuble du 357 rue de la Commune. Si la CAQ a été conçue en ces lieux, qui dit que l’avenir même du Québec n’y serait pas décidé aussi ? C’est une forte probabilité qu’il ne faut pas rejeter du revers de la main.
Les membres peuvent être rassurés, la direction du 357c a décidé de changer ses règles et, dorénavant, toutes les listes d’invités aux réunions seront détruites, au grand plaisir des membres qui, cela va de soi, ne conspirent jamais.
3+5+7  15   1+5 = 6  C  3 18 club 666    ?! 

Source: Rusty CanalBlog

lundi 20 janvier 2014

Libre opinion - Chère Francine, tu resteras longtemps dans nos mémoires

Gilles Duceppe 
Ex-chef du Bloc québécois 


Photo: Parlement du Canada
Francine Lalonde


Chère Francine, on ne dit jamais assez toute notre affection aux personnes que l’on apprécie. Tu es partie, mais tu me permettras de te redire une dernière fois tout le respect et l’amitié que je te porte.

Tu nous as quittés, mais sache que ton souvenir demeure et qu’on ne t’oubliera pas de sitôt. Impossible de ne pas se rappeler une femme si distinguée, une combattante si déterminée, une personne d’une telle dignité. Et puis, comment pourrait-on oublier cette amitié que tu nous as accordée si généreusement, sans compter.

Je me souviens de cette émotion, de cette indignation qui t’étreignait, lorsque tu étais placée devant l’injustice. Indignée devant l’hypocrisie, la mesquinerie ou l’indifférence, tu l’es demeurée jusqu’à la fin, toujours dans l’élégance, avec cet humanisme sans pareil.

Tu n’as pas ménagé tes efforts pour représenter le Québec partout dans le monde. Peut-être n’ai-je jamais pris de meilleure décision que celle de te confier le dossier des Affaires étrangères pour le Bloc québécois. Tout au long de ces années, je savais qu’en t’ayant à mes côtés, nous ne serions jamais pris au dépourvu, jamais cyniques, toujours du côté de la dignité et de l’humanisme sur les questions internationales.

Tu es devenue une merveilleuse ambassadrice du Québec, maîtrisant chacun des enjeux dans ses moindres détails, tissant une toile de contacts internationaux sans équivalent dans le mouvement souverainiste. Tu étais presque devenue membre honoraire du Conseil de l’Europe. À Ottawa, tous les membres du corps diplomatique te connaissaient et peu de personnalités auront projeté une image aussi juste et positive du Québec et du mouvement souverainiste.

Tu as brillamment incarné la passion que nous avons pour le Québec, pour ce projet ambitieux d’en faire un pays. Lorsque l’heure de la bataille sonnait, tu ne donnais pas ta place, ta détermination tranquille atteignant immanquablement la cible. Pourtant, je sais pertinemment que nos adversaires politiques t’appréciaient, eux aussi. À la fin de ta carrière politique à Ottawa, tu faisais l’unanimité, autant qu’une telle chose soit possible.

Photo: Journal de Montréal
Ton dernier combat politique se sera transformé en héritage. Ce combat pour que les êtres humains que nous sommes puissent avoir le droit de mourir dans la dignité est en train de se matérialiser à l’Assemblée nationale. Par un hasard magistral, tu nous as quittés quelques heures après l’adoption du projet de loi de Véronique Hivon en commission.

Ce que je retiendrai de toi, par-dessus tout, c’est bien ce mot : dignité. Tu t’es battue toute ta vie pour que les travailleurs les plus humbles soient traités avec équité, respect et justice. Tu as d’ailleurs été la première femme à être élue au comité exécutif de la CSN, en tant que première vice-présidente. Tu fus coordonnatrice des négociations dans le secteur privé, toi qui venais du secteur public. Une femme qui dirigeait les négociations des gars de la métallurgie et des pâtes et papiers ! On peut vraiment dire que tu en as ouvert des portes pour les femmes.

Tu t’es battue pour que les citoyens des pays pauvres soient traités avec dignité. Tu t’es même battue pour que les prisonniers afghans soient traités avec dignité. Et finalement, tu t’es battue sans relâche pour que les personnes en fin de vie puissent vivre dignement jusqu’à la fin. Et tout au long de ces luttes, tu t’es toujours comportée, je le répète, avec cette grande dignité qui te caractérise.

Depuis quelques jours, la tristesse m’a envahi. Il nous faut réaliser et accepter que tu ne seras plus là, avec ton sourire et ce regard plein de vie et de passion. Avec le temps, la tristesse va s’estomper et faire place à la mémoire.

Chère Francine, je veux que tu saches que j’ai apprécié chaque minute passée à tes côtés et que tu resteras longtemps dans nos mémoires.

Salut !



Gilles Duceppe - Ex-chef du Bloc québécois

Source: Le Devoir

vendredi 10 janvier 2014

Pourquoi Dieudonné?



Christian Rioux

Paris — Qui aurait dit que 2014 commencerait ainsi ? Cela fait une semaine que tous les bulletins d’information s’ouvrent sur l’image d’un comique barbu que les Français n’avaient plus vu à la télévision depuis des années. Pour avoir de ses nouvelles, il fallait visionner des extraits de vidéos sur Internet ou fréquenter le minuscule théâtre de la Main d’or à Paris. Or, depuis que le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a lancé son offensive tous azimuts, sa photo a fait le tour du monde. Jeudi, la presse internationale se pressait au palais de justice de Nantes où les tribunaux lui ont finalement donné raison, avant que le Conseil constitutionnel n’interdise à nouveau le spectacle. Le provocateur professionnel qu’est Dieudonné n’en espérait pas tant.

Lorsqu’il est apparu dans les années 1990, Dieudonné se voulait le représentant d’une parole décomplexée à l’égard du racisme et des difficultés de la vie des banlieues. Il riait des Juifs autant que des Arabes ou des Chinois. Je me souviens de l’avoir vu à Montréal avec son compagnon d’alors, Élie Semoun. Leur verbe rafraîchissant n’était pas feint. À partir du sketch où il personnifia un colon israélien hurlant « Isra Heil ! » (2003), Dieudonné a progressivement dérapé. Non seulement ne s’est-il pas excusé, mais il en a remis une couche. De la critique d’Israël, parfaitement légitime, il est passé à celle du sionisme puis des Juifs, qu’il associe chaque fois à l’argent et dont il voit la main invisible partout. Triste parcours d’un comédien doué enfermé dans le déni.

Au Québec, nous avons été longs à comprendre. Souvenons-nous de ses entrevues complaisantes, en 2005, avec Guy A. Lepage et Stéphan Bureau. Dès 2002, l’animateur Thierry Ardisson, lui, n’avait pourtant pas craint de demander à son ami pourquoi il prétendait que l’antisémitisme n’existait pas. En 2004, il lui faisait même subir un interrogatoire en règle. Une interview modèle que les animateurs de talk-show québécois et même quelques journalistes devraient se repasser en boucle. Au lieu de se brouiller avec un ami, la télévision québécoise a préféré peindre l’humoriste en martyr persécuté par la France.

Pourtant, à moins de défendre la thèse d’une France intrinsèquement pétainiste, le racisme n’est pas plus présent en France que dans les pays comparables. Je dis comparables, car il serait erroné de comparer la France, qui accueille essentiellement une immigration pauvre, à un pays comme le Canada qui n’accepte que les immigrants jeunes, instruits ou riches. Compte tenu de ces différences, la France n’est pas un endroit où le racisme est endémique. C’est même un pays où les mariages mixtes sont légion, signe de mixité sociale s’il en est un. Terre d’accueil des principales populations musulmanes et juives d’Europe, la France subit cependant durement les contrecoups de la guerre sans merci qui oppose les partisans d’Israël au monde arabo-musulman. Notons que la croissance récente des gestes racistes en France concerne d’abord des actes antisémites et secondairement contre des musulmans.

Comme beaucoup d’humoristes, Dieudonné table plus généralement sur le rejet des institutions et du monde politique. Il ne faut pourtant pas exagérer sa popularité. Il y a une semaine, pour l’immense majorité des Français, la « quenelle » n’était rien d’autre qu’une spécialité gastronomique lyonnaise au goût un peu fade.

♦♦♦

Quelle mouche a donc piqué Manuel Valls pour faire interdire ses spectacles en dépit de toute la jurisprudence ? Dieudonné n’est plus un artiste, prétend le ministre. La belle affaire ! On n’a jamais interdit les assemblées de Jean-Marie Le Pen, pourtant condamné pour propos antisémites et négation de crime contre l’humanité.

L’explication est peut-être ailleurs. À l’approche d’élections municipales et européennes qui s’annoncent catastrophiques, les socialistes n’ont eu de cesse de monter en épingle chaque petit incident raciste ou extrémiste. Alors que la croissance se fait attendre, François Hollande n’a pas le choix de donner quelques os à ronger à sa gauche. Il n’avait pas fallu 24 heures à Manuel Valls pour monter au créneau lorsque, le 6 juin dernier, le militant d’extrême gauche Clément Méric était décédé dans des circonstances nébuleuses après une altercation avec un militant d’extrême droite. En novembre, le premier secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir avait aussi poussé de hauts cris en déterrant une vidéo passée inaperçue sur Internet où deux enfants brandissaient une pelure de banane sur le passage de la ministre Christiane Taubira. Des semaines plus tard, on ne connaît toujours pas l’identité de ces enfants, leurs motivations et s’ils ont été instrumentalisés par des manifestants contre le mariage gai.

Ces incidents n’ont pas été inventés, mais ils seraient demeurés isolés n’eût été l’intention de certains socialistes de poser en seuls gardiens de la démocratie face à la montée d’une extrême droite providentielle. Il s’agit de ressusciter la vieille stratégie, d’ailleurs payante, utilisée à l’époque par François Mitterrand contre le Front national. Quitte à créer un climat délétère et à faire la publicité d’un comique qui faisait pourtant de moins en moins rire.

Source: Le Devoir

samedi 4 janvier 2014

De la cage à la marmite à homards




IDENTITÉ, CHARTES ET SOUVERAINETÉ

Louis Lapointe 
Vigile.net
vendredi 3 janvier 2014 

Comme la plupart des lecteurs de Vigile j’ai écouté cette entrevue accordée par Roger Tassé dans les derniers jours de l’année 2013. http://rc.ca/1lrp76S
J’avoue ne pas avoir été étonné par ses propos qui n’ont fait que confirmer mes doutes.*

Une charte de la laïcité pourrait très bien se justifier dans une société libre et démocratique.

La Cour Suprême du Canada pourrait même avaliser l’interdiction du port de signes ostentatoires pour les employés de l’État pendant les heures de travail si cette interdiction était bien circonscrite.

Nous sommes très loin de cette Charte qui bafoue les droits de la personne ou de la bougie d’allumage de l’indépendance du Québec.

En fait, selon Roger Tassé, la Charte de la laïcité se marierait très bien avec laCharte canadienne des droits.

D’un côté, les tribunaux pourraient en reconnaître la validité (article 1).

De l’autre, le gouvernement pourrait se soustraire à son application en recourant à la clause dérogatoire (article 33).

Au milieu, les tenants du multiculturalisme (article 27) comme ceux de l’égalité homme/femme (article 28) pourraient recourir à un article de la charte canadienne pour défendre leur point de vue.

Il y en a pour tout le monde dans ce débat, sauf pour les indépendantistes québécois.

Car notre combat n’est pas celui de l’identité québécoise.

Il est celui de la souveraineté du Québec.

Rappelons-nous, la charte canadienne nous a été imposée sans notre consentement en 1982.

Elle est un déni de la souveraineté de notre Assemblée nationale.
Rappelons-nous également que la Cour Suprême, dont tous les juges sont nommés par le bureau du premier ministre du Canada, aura à trancher ce débat entre les tenants et les opposants à la Charte de la laïcité.

Voilà pourquoi il ne faut pas conclure que Me Roger Tassé est du côté de Pauline Marois et de la Charte de la laïcité.

En fait, il défend la légalité de la Charte canadienne des droits et son discours vise simplement à démontrer que même si cette charte n’est pas légitime, elle peut être juste à l’égard du Québec, alors que nous savons tous qu’elle est un affront à notre souveraineté.

Dans cette perspective, si la Cour Suprême donne raison aux tenants de la Charte de la laïcité, cela rendra-t-il la Charte canadienne des droits davantage légitime aux yeux d’une majorité de Québécois ?

De la cage où elle nous enfermait, en raison du discours que tiennent tous ceux qui confondent identité et souveraineté, la Charte canadienne des droits deviendrait une véritable marmite à homards pour tous les Québécois.

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