« Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime ! Il est complice ». Georges Orwell


samedi 29 décembre 2012

Club 357c : le petit Bilderberg québécois ...

Parce que là se décide secrètement l'avenir du Québec?



par Éric Granger

 L’existence du Club le 357c m’était inconnu il y a quatre mois. J’ai découvert que ce club d’élite existait au mois d’août dernier lorsque je faisais une recherche sur  François Legault et la fondation de la Coalition Avenir Québec. Je suis ravi de voir maintenant que l’existence de ce club privé fait maintenant les manchettes grâce à la Commission Charbonneau.


J’ai montré dans mon reportage vidéo François Legault, ce n’est pas du changement que François Legault avait planifié en secret la création de son nouveau parti à l’intérieur des murs du 357c en compagnie de son mentor politique, Lucien Bouchard. Ce n’est pas moi qui l’ai dit en premier, mais plutôt deux journalistes d’expérience du Globe and Mail. Les Perreaux et Rhéal Séguin écrivaient un article le 16 décembre 2011 intitulé « Sovereignty losing ground in Québec » dont je vous traduis ici les deux premiers paragraphes :


« Au début de 2010, dans un club privé exclusif du Vieux-Montréal, Lucien Bouchard rencontrait son ancienne meilleure recrue, François Legault, afin de parler politique et de la nécessité d’un nouveau parti au Québec.


Le club, qui s’appelle le 357c en raison de son adresse vieille de 200 ans sur la rue de la Commune, se qualifie comme un endroit où la pensée créative peut être menée dans le plus grand confort et la plus grande discrétion. Et cette occasion demandait la discrétion. »


J’ose croire que ces deux journalistes du Globe and Mail savent de quoi ils parlent, qu’ils ont obtenu cette information privilégiée d’une façon ou d’une autre. Pourquoi écriraient-ils une telle chose sinon ?


Dire que François Legault a avoué avoir été une fois au 357c et que c’était pour un défilé de mode. Bien sûr, il ment. Il compte sur le fait que les Québécois ne lisent pas le Globe and Mail.


Depuis quelques jours, on apprend grâce à la Commission Charbonneau que beaucoup d’élus ont fréquenté le 357c pour y tenir des réunions discrètes, sinon secrètes.


Jean-Marc Fournier, Line Beauchamp, Pierre Moreau, Tony Tomassi (et bien d’autres libéraux) ont fréquenté le club exclusif.


Cependant, ce qui est intéressant, c’est la quantité de péquistes membres du gouvernement actuel qui ont profité du luxe et de la discrétion du 357c. La première ministre Pauline Marois, le ministre de la santé Réjean Hébert, le ministre des finances Nicolas Marceau et même le ministre des relations internationales, Jean-François Lisée.


Nicolas Marceau a dit y avoir été sur l’invitation du président de la Chambre de commerce, Michel Leblanc, alors qu’il était dans l’opposition. Il ne faut pas se surprendre si le dernier budget du ministre Marceau a rassuré et a plu au milieu des affaires et aux marchés financiers. Ce n’est peut-être pas pour rien que Michel Leblanc a loué le budget Marceau le jour de sa publication. A vous de voir.


Jean-François Lisée, lui, a utilisé la technique classique pour banaliser sa fréquentation douteuse du 357c : la dérision. Sa dernière entrée de blogue a pour titre : « Mes conspirations au 357c ». Son texte vise à atténuer le sérieux de l’affaire en utilisant le sarcasme et l’humour pour ridiculiser tous ceux qui pourrait croire à un copinage quelconque. 

Dans son texte, il avoue avoir rencontré à plusieurs reprises son ami Lucien Bouchard (encore lui !), il écrit :  « Lui avocat, moi universitaire et blogueur, nous avons conspiré ensemble à deux ou trois reprises. […]Nous avons fait l’un envers l’autre un lobby insistant en faveur de tel livre qu’il faut lire, tel film qu’il ne faut pas voir, tel voyage qu’on voudrait faire ». C’est un peu trop facile comme méthode, et de cette façon, il ne répond à aucune question sérieuse sur le sujet.


Lucien Bouchard est le nom qui revient le plus souvent au sujet du 357c. Pauline Marois l’a rencontré en ces lieux, Lisée bien sûr et il ne faut pas oublier François Legault qui a planifié la création de la CAQ avec ce dernier à l’intérieur du club privé. Et selon les dires de Legault, ça s’est passé pendant un défilé de mode. T’inquiète pas, on te croit François…


Bien sûr, il est impossible de savoir ce qui se passe ou se dit vraiment au 357c, car le secret (ou la discrétion si vous préférez) est de mise. Toutefois, ça ne prend pas la tête à Papineau pour voir qu’il y a quelque chose de pas très catholique qui se passe à l’intérieur du superbe immeuble du 357 rue de la Commune. Si la CAQ a été conçue en ces lieux, qui dit que l’avenir même du Québec n’y serait pas décidé aussi ? C’est une forte probabilité qu’il ne faut pas rejeter du revers de la main.


Les membres peuvent être rassurés, la direction du 357c a décidé de changer ses règles et, dorénavant, toutes les listes d’invités aux réunions seront détruites, au grand plaisir des membres qui, cela va de soi, ne conspirent jamais.

Source: Le Décodeur média citoyen

lundi 24 décembre 2012

jeudi 20 décembre 2012

CUSM - Un dérapage sans fin

Le ministre de la Santé, Réjean Hébert,  avait commandé ce rapport à des experts dès le début de son mandat en septembre dernier.
Dans la foulée des nombreuses révélations scandaleuses qui ont cours depuis des mois, le rapport Baron déposé mardi au sujet du dérapage financier mis au jour au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) doit être replacé dans sa juste perspective : celle des neuf dernières années d’un gouvernement Charest qui avait promis plus de transparence et d’efficacité en faisant plus de place au secteur privé dans la gestion des services publics. L’échec est retentissant ! 

L'image choque : entre 2009 et 2011, le Centre universitaire de santé McGill a versé en salaires l’équivalent de 500 employés de plus qu’en 2008 sans qu’un seul patient supplémentaire ait été traité ou que la complexité des soins se soit accrue. Prévu pour atteindre 115 millions de dollars cette année seulement, le déficit du CUSM dépasserait alors celui qui a été enregistré l’an dernier par les 183 autres hôpitaux du Québec réunis, y compris les grands centres universitaires de Montréal et de Québec.

Voilà un aperçu du constat troublant effectué par le groupe d’experts mandaté par le nouveau ministre de la Santé, Réjean Hébert, dès son arrivée, en septembre dernier.

D’autres manquements graves ont été signalés, telle l’acquisition à prix fort, sans l’autorisation de l’Agence régionale, d’un immeuble inutilisable pour cause de zonage par une société affiliée au CUSM, ou encore la création d’une entreprise d’informatique hors du contrôle des autorités.

Au coeur du scandale, on retrouve l’ancien directeur général du CUSM, le Dr Arthur Porter, ce ratoureux homme d’affaires dont l’auteur du rapport, le Dr Michel Baron, soutient qu’il n’était pas du tout préoccupé d’assurer la saine gestion des finances de l’établissement. 

C’est pourtant cet homme qui prenait seul toutes les décisions au CUSM, se contentant souvent de présentations orales non documentées devant un conseil d’administration servile qui buvait ses paroles à l’instar des autres dirigeants de l’établissement. On le soupçonne maintenant d’avoir facilité l’obtention du contrat de gestion à long terme du futur CUSM par un consortium dirigé par SNC-Lavalin, une sale affaire pour laquelle l’ex-président de la firme, Pierre Duhaime, est accusé de corruption.

On comprend d’ailleurs difficilement que le ministre de la Santé fasse encore confiance au nouveau directeur du CUSM, Normand Rinfret, qui fut l’adjoint du Dr Porter, même en lui déléguant un « accompagnateur » chargé de s’assurer que les corrections seront apportées rapidement.

Depuis plusieurs mois, le Québec vit une véritable psychose alimentée par les enquêtes journalistiques, administratives, policières et par la commission Charbonneau. Les révélations se multiplient au rythme des milliards engloutis dans ces affaires frauduleuses.

Dans certains ministères et plusieurs municipalités, dans les services informatiques et la plupart des projets d’infrastructures, le loup est entré dans la bergerie au vu et au su de politiciens et de fonctionnaires corrompus qui lui ont ouvert la porte toute grande en échange d’avantages personnels ou politiques.

Ce n’est certainement pas faire preuve de partisanerie que d’établir un lien entre l’état lamentable dans lequel des pans entiers du secteur public québécois se retrouvent aujourd’hui et le projet avoué de rapprochement avec le privé qui fut à l’origine des décisions prises par le gouvernement Charest tout au long de ses neuf années au pouvoir.


***

... le Québec vit une véritable psychose.  Espérons que l'hiver,  avec  ses joies comme avec ses misères,  vienne nous changer les idées! 

Heureuses Fêtes! 

May  

dimanche 9 décembre 2012

J.-F. Lisée: suggestions de lecture de Noël de mes amis de l’opposition

Les débats à l’Assemblée peuvent être acrimonieux, c’est l’évidence. Mais il faut reconnaître les moments où les députés, de tous les partis, s’entraident de plusieurs façons, grandes et petites.
Grandes, comme les projets de loi adoptés à l’unanimité contre la corruption, pour la réforme du financement des partis, la motion pour le maintien de l’aide canadienne à la Palestine, j’en passe.

Petites, comme la publicité gratuite que deux membres de l’opposition ont fait à deux de mes bouquins. Cachotiers, ils ne m’en avaient même pas avisés à l’avance ! Et ils l’ont fait juste avant les emplettes des fêtes ! Voyez plutôt:


Il y a même débat. Gérard Deltell semble préférer lire Le Tricheur dans sa version longue, tel que publié en 1994. Christine Saint-Pierre, plus moderne, semble plaider au contraire pour la version courte Le Petit Tricheur, publié plus tôt cette année.

Je crois que Christine a raison. Sauf pour les étudiants en histoire, Le Petit Tricheur s’impose.

Source: Jean-François Lisée
Son blogue
 

mardi 4 décembre 2012

Attentat au Métropolis (2) : La première ministre a eu raison de lever le tabou


Antoine Robitaille
4 décembre 2012
Éditorial Le Devoir

« Attentat politique » : les termes sont si souvent galvaudés de nos jours que plusieurs ont qualifié de grossière exagération leur utilisation par la première ministre Pauline Marois, dimanche à Tout le monde en parle, pour qualifier l’acte présumé de Richard Bain, le soir du 4 septembre au Métropolis. 
Depuis trois mois, un cortège de voix insistent sur le fait qu’il ne faut pas « exagérer » ; que c’était simplement le geste d’un « fou » traversant une période de crise. Certes, c’est un homme isolé, en robe de chambre, qui a agi ce soir-là ; il n’y a, à l’évidence, pas eu complot.

Refuser de penser l’événement dans toutes ses dimensions, en réduisant l’affaire au geste d’un désaxé, n’a rien de nouveau. L’auteure de L’ouragan homicide, L’attentat politique en France au XIXe siècle (Champ Vallon, 2011), Karine Salomé, a expliqué dans plusieurs interviews que de désigner comme « fou », « fanatique », « exalté », « l’attentateur », est une constante de l’histoire.

Le procès de Richard Bain n’a pas encore eu lieu et certains aspects restent à clarifier. Les parties devraient d’ailleurs être de retour en cour vendredi. « L’ensemble des éléments de preuve et l’acte d’accusation ont été traduits en anglais à la demande de l’accusé », a-t-on pu lire dans une dépêche en octobre. L’homme fait face à seize chefs d’accusation, dont un de meurtre prémédité de Denis Blanchette, trois de tentative de meurtre, un de voies de fait graves et un d’incendie criminel.

Qu’est-ce qu’un attentat, selon le Trésor de la langue française ? « Entreprise criminelle perpétrée contre une personne ou contre une communauté, et particulièrement dans un contexte politique. » Cela ressemble bien aux crimes dont est accusé M. Bain, non ?

Et pourquoi cette réticence, au Québec, à qualifier l’événement d’« attentat politique » ? Après tout, c’était un soir d’élection. L’homme s’est présenté à une réunion politique. Il aurait vociféré des propos à teneur politique : « It’s payback time », « Les Anglais se réveillent ! » Le lendemain, il a téléphoné à une station de radio. Assez lucide pour taire le sujet de la fusillade, il a toutefois expliqué en 38 minutes sa vision politique d’une partition de l’île de Montréal. D’accord, il a aussi parlé de ses visions de Dieu…

Mais qu’une personne, même désaxée, mette le feu à quelque institution religieuse et on n’hésitera aucunement à parler - avec raison - d’un geste « politique » de rejet, de haine. Pourquoi, dans le cas des accusations contre Bain, y a-t-il une réticence ne serait-ce qu’à débattre du caractère politique, anti-souverainiste, voire francophobe de ces comportements ? Le faire n’inculpe aucunement l’ensemble des anglophones du Québec. Qualifier les meurtres de Marc Lépine, le 6 décembre 1989, de misogynes, d’un « attentat contre les femmes », inculpait-il tous les hommes ? Non.

En somme, la première ministre a eu raison de lever le tabou.

***

... Et  enfin d'appeler un chat un chat! 

Bref, on ne le dira jamais assez. Pourquoi cette réticence, au Québec, à qualifier l’événement d’« attentat politique »? Merci au Devoir de ne pas avoir eu peur de lui donner raison concernant cette histoire avec le présent éditorial. On ne peut pas par contre, comme on le sait, en dire autant pour d'autres quotidiens ! 

Mais faudra bien un de ces jours clarifier l'affaire.

lundi 3 décembre 2012

Attentat au Métropolis (1): Marois croit que le tireur voulait la tuer

Pauline Marois victime d'un attentat politique?



La Presse Canadienne
3 décembre 
Québec

 
La première ministre du Québec, Pauline Marois, croit que l’homme qui a ouvert le feu au Métropolis le soir de son élection voulait la tuer.

La chef péquiste a fait cette déclaration dans le cadre de l’émission Tout le monde en parle diffusée à Radio-Canada dimanche soir.
Mme Marois a confié, durant son entretien avec l’animateur Guy A. Lepage, qu’elle n’avait pas immédiatement compris ce qui s’était passé lors de l’incident survenu le 4 septembre dernier.

Elle a affirmé que c’était seulement après être rentrée chez elle à la fin de la soirée et avoir discuté des événements avec sa famille qu’elle avait envisagé que l’objectif du tireur avait peut-être été de l’assassiner.

Pauline Marois a indiqué qu’elle considérait que le motif du suspect était en partie politique.

À ce sujet, elle a fait référence à la vidéo de l’arrestation du présumé tireur, Richard Henry Bain, diffusée à la télévision dans laquelle ont l’entend crier « les Anglais se réveillent ».

Bain est accusé d’avoir tiré sur deux personnes et d’avoir tué le technicien Denis Blanchette.

Les coups de feu ont eu lieu derrière la scène du Métropolis où la nouvelle première ministre prononçait son discours de victoire devant les troupes péquistes. Un feu a également été allumé à l’arrière de la salle de spectacles.

Via Le Devoir


*** 

Pratiquement plus personne n'en parlait ... La façon universelle de faire tomber un sujet devenu tabou,  dans oubli. 

Quelle race de monde a-t-on fait de nous pour réagir de cette façon? Alors qu'au lendemain de cet attentat contre une première ministre de gouvernement d'une province canadienne (enfin encore jusqu'à nouvel ordre), au moins cent mille Québécois auraient dû se rassembler dans la rue? Et réfléchir en silence sur l'impact symbolique de cet événement.  

Merci, madame Marois, d'avoir appelé (enfin) un chat un chat.  Et vous avez raison. Il faut comprendre l'Amérindien en NOUS. Et aussi, bien sûr,  le Nous magané en l'Amérindien.

dimanche 2 décembre 2012

Le «just watch me» de France Charbonneau

À l'instar de Pierre E. Trudeau, la juge Charbonneau
passera-t-elle à l'histoire?


Kathleen Lévesque
Le Devoir
1er décembre

La liste de certains membres du très sélect club privé 357C et de leurs invités, déposée cette semaine à la commission Charbonneau, serait un avertissement à l’establishment d’affaires et au monde politique signifiant que personne n’est à l’abri. Ce serait le « just watch me » de la juge France Charbonneau à la classe dirigeante du Québec, a appris Le Devoir. 

Avec cette liste, c’est le concept de proximité douteuse entre des firmes de génie-conseil, des entrepreneurs et des donneurs d’ouvrage public qui prend forme. Autour d’une table cinq étoiles, dans le décor feutré d’un club reconnu pour sa règle de confidentialité, se tissent des liens. On parle business et financement politique, l’expertise des uns s’entremêlant à celle des autres. Le client et le pourvoyeur deviennent des amis.
« C’est un pas idéologique qui vient d’être franchi », a-t-on expliqué au Devoir après avoir requis l’anonymat.

Sur cette liste sont identifiés les dirigeants de grandes firmes de génie-conseil (Rosaire et Jean-Pierre Sauriol de Dessau ou Bernard Poulin du Groupe SM, par exemple), des entrepreneurs controversés comme Paolo Catania (Construction F. Catania) et Nicolo Milioto (Mivela Construction), des politiciens (Line Beauchamp, Tony Tomassi, Frank Zampino, Sammy Forcillo) ainsi que leurs collecteurs de fonds (Pierre Bibeau, Bernard Trépanier) et le sénateur Leo Housakos.

Toutes ces personnes sont dans la mire de la commission Charbonneau, qui entend bien secouer les colonnes du temple. Plusieurs ont été pointés par des témoins qui ont défilé depuis septembre : une cote à la mafia par-ci, une ristourne à Union Montréal par-là, une enveloppe brune pleine de 30 000 $ en argent comptant destinée au Parti libéral du Québec, une double comptabilité, des prête-noms, de la fausse facturation, des pots-de-vin petits et grands, ainsi que des menaces et de l’intimidation sous toutes ses formes.

Certains de ces personnages sont accusés de fraude, d’autres soulèvent des doutes quant au rôle de la mafia dans l’économie légale alors que d’autres encore semblent diriger la circulation du financement occulte des partis politiques. Tous seraient rompus aux règles de la discrétion propres aux coulisses du pouvoir.

La suite des audiences publiques risque d’être difficile pour les « invincibles », car « tous ces gens vont mariner dans l’incertitude jusqu’en janvier », note un observateur attentif des travaux de la commission ayant requis l’anonymat. « La liste, c’est un attendrisseur de témoins ! », ajoute cette personne, un sourire dans la voix.
Zone d’influence

Mais le club 357C n’est pas le seul endroit fréquenté par la classe politico-entrepreneuriale du Québec, où l’accès aux décideurs, à l’information qu’ils détiennent et donc aux contrats publics deviennent de véritables enjeux. Le Domaine Forget, haut lieu de la culture musicale situé à Saint-Irenée, dans Charlevoix, est devenu au fil des ans une zone d’influence importante. On y parle culture tout en brassant des affaires, ce qui fait du Domaine Forget un lieu privilégié pour maintenir un réseau de contacts tout en faisant du mécénat.

Ainsi, l’organisme culturel a pris fait et cause pour un projet hydroélectrique en 2006 alors que son président de l’époque, Paul Lafleur, était également la tête dirigeante de BPR (il n’occupe plus ses fonctions aujourd’hui). Cette firme s’apprêtait alors à voir son contrat de gestion du dit projet, obtenu sans appel d’offres, renouvelé par Hydro-Québec.

Au printemps 2006, la Commission fédérale d’examen tient des audiences publiques à Montréal concernant le projet Eastmain-1A et dérivation Rupert. Il s’agit d’une étape importante de ce projet, qui constitue la troisième phase de développement de la baie James.

Le Domaine Forget y présente un mémoire favorable à la dérivation d’une immense rivière du Grand Nord et la construction de deux centrales électriques et de quatre barrages. C’est Paul Lafleur qui s’avance au micro. Pour l’occasion, il n’a pas mis son chapeau d’ingénieur. Il est là à titre de président du conseil d’administration du Domaine Forget.

Le développement hydroélectrique est source de richesse collective et permet, par voie de conséquence, le financement de la culture. Dixit Paul Lafleur.

« Les organismes culturels, qui sont tous en perpétuelle recherche de financement, ont depuis longtemps réalisé que des collectivités prospères participent plus aux activités culturelles et protègent mieux leur patrimoine, parce que les individus qui les composent ont le temps et les moyens de le faire », affirme M. Lafleur dans son mémoire de quatre pages.

Il rappelle à quel point les projets d’Hydro-Québec ont alimenté depuis des décennies « l’identité culturelle et la fierté du Québec ». M. Lafleur souligne aussi que le monde des affaires et « son réseau de contacts informel » partagent avec les organismes culturels « la même vision d’une société cultivée pour laquelle l’ouverture sur le monde et ses grandes oeuvres ne sont pas réservées à une élite, mais doivent contribuer à la réussite de la société ».

Contrat sans appel d’offres

Au même moment, BPR est partie prenante d’un consortium nommé Énergie gérance, à qui Hydro-Québec avait déjà confié, de gré à gré, le mandat de gérer le projet hydroélectrique Eastmain-1. Le consortium est formé de BPR, Dessau, Groupe SM et Axor.

Après les audiences de la Commission fédérale d’examen, Hydro-Québec renouvela le contrat, toujours attribué sans appel d’offres, à Énergie gérance. Coût total : 295 131 564 $.

Ce contrat d’ingénierie n’est pas le seul octroyé sans appel d’offres pour le projet Eastmain. Selon les vérifications du Devoir, 108 autres contrats ont été accordés entre 2002 et 2010 à des firmes de génie ou à leurs filiales comme des laboratoires de sols. On compte ainsi 10 contrats accordés à Dessau malgré l’interdiction contractuelle qui est faite aux partenaires du consortium de bénéficier d’autres mandats. Tous ces contrats totalisent 450 millions de dollars.

Outre ce lien contractuel entre BPR et Hydro-Québec, il existe une association entre la société d’État et le Domaine Forget. Depuis 1989, Hydro-Québec a versé près d’un million de dollars au Domaine Forget en commandites. De 2007 à 2011, il s’agit d’une aide totalisant 250 000 $.

Domaine Forget

Le Domaine Forget fut également touché lorsque Saint-Irenée s’est dotée d’une usine d’eau potable. C’est BPR qui a obtenu sans appel d’offres tous les contrats de services professionnels liés au projet de 3,6 millions de dollars.

Lorsque la municipalité a préparé le dossier, avec l’aide de BPR, pour obtenir une subvention du gouvernement du Québec équivalant à 95 % du coût, le Domaine Forget fut l’un des arguments utilisés. Saint-Irenée a plaidé la capacité de payer limitée de ses contribuables, y compris du Domaine Forget. Dans ce contexte, l’organisme « aurait à payer une taxe d’aqueduc de l’ordre de 80 000 $/année », indique-t-on dans la résolution du conseil municipal de février 2004.

Le ministère des Affaires municipales a refusé de payer, mais la municipalité est revenue à la charge avec le soutien de BPR. Cette fois, il n’était plus question du Domaine Forget ; on a plutôt misé sur le fait que l’usine d’eau ne bénéficierait qu’à un petit nombre de citoyens, majoritairement des personnes âgées à faible revenu, pour convaincre Québec d’investir.

L’usine a ouvert ses portes en 2009 et le Domaine Forget en est le principal usager.

***

Merci ici, à Kathleen Lévesque du Devoir. 

Je cite : « tous ces gens vont mariner dans l’incertitude jusqu’en janvier ».  

Mariner. Quelle expression délicieuse!  De quoi nous exciter les papilles. On imagine que cette marinade sera faite d'huile d'olive vierge à 100% italienne. Et pressée à froid ... !


Cette magnifique salle de concert du Domaine Forget
a des airs de  la Maison de l’Orchestre
symphonique de Montréal

Puis curieusement cela m'amène au Domaine Forget. Ce nec plus ultra champêtre de la musique classique,  au Québec, n'a-t-il pas été implanté dans Charlevoix sous l'égide de diverses personnalités de la région, dont la famille Desmarais, tout particulièrement de madame Jacqueline, qui habite un vaste domaine à quelques lieues de là


vendredi 30 novembre 2012

Lettre à Line-la-Ministre Beauchamp





André Vincent
Vigile.net
jeudi 3 mai 2012

Ça fait combien déjà ? Longtemps en tous les cas, 25 ans je dirais — minimum. Vous étiez alors dans le communautaire, soit de l’association coopérative d’économie familiale de l’ACEF centre.

J’en parle d’entrée de jeu afin de vous remettre dans le contexte de l’époque, et si vous souvenez bien, vous étiez aussi membre d’une autre coopérative, celle-là d’habitation, que nous nommerons ici la coop P. si vous le voulez bien, vu que c’est en mon nom personnel que je prends la peine de vous écrire.

Non mais ça passe, pas vrai Line... je parle du temps. Nous étions alors jeunes et beaux, la tête avec un brin des restes de fleur power, pleine de projets, mais toujours avec chaleur humaine, de bon goût des autres. Enfin... on va quand même pas tomber dans la nostalgie toi et moi et puis, faut bien devenir adulte un jour... non ? On ne peut quand même pas rester jeune et beau et pur et indépendantiste toute sa vie, non, oui ?

Peut-être ? À vrai dire, Line-la-Ministre, cela fait un moment que j’ai envie de vous écrire à toi et puis... tu sais comment c’est, on se dit finalement à quoi bon, elle ne se souviendra même pas. Et puis c’est impressionnant une ministre tu sais, alors on n’ose pas.

Or, en ce matin de premier mai, j’ai lu une lettre dans le courrier des lecteurs du Devoir et... comment dire, j’en ai été bouleversé, choqué même, dans le sens français de France du terme, avec tout plein de questions dans ma tête après. C’est d’ailleurs à partir de la lecture de ce texte que je me suis enfin décidé à vous écrire.

C’est que dans cette lettre tu vois, intitulée Conseillers budgétaire contre les hausses, lettre signée par 42 conseillers ACEF pas moins, (j’ai pris la peine de compter) — dont certains ex-collègues à vous probablement — il est dit des choses troublantes. Comme par exemple que...




« ... Cela fait des années que nous réclamons aussi que tous fassent leur juste part ! Enfin, le sujet est sur la table ! Quoi ? C’est aux étudiants que l’on demande de contribuer davantage, et ce, alors qu’ils ont déjà subi une hausse de 30 % de leurs droits de scolarité depuis 2005 ? C’est à tous les citoyens gagnant plus de 14 000 $ à qui l’on demande une juste part au moyen d’une taxe santé de 200 $ par personne ? C’est par une taxe à la consommation augmentée de 2 % en deux ans et non modulée en fonction des biens achetés que l’on espère remplir les coffres ?... »

Ou alors : « ...Qu’apprend-on en parallèle ? La taxe sur le capital est abolie, même pour les entreprises financières ! Les impôts des entreprises sont diminués au fédéral ! Les entreprises pharmaceutiques déménagent et licencient des milliers de personnes malgré les avantages fiscaux qu’on leur offre ! On continue de payer nos médicaments 38 % plus cher que la moyenne des autres pays de l’OCDE ! Or nous, conseillers budgétaires travaillant dans des organismes communautaires présents aux quatre coins du Québec depuis 45 ans, disons NON ! C’est assez ! Nous affirmons, encore et encore : il y a d’autres solutions !... »

Puis ils rajoutent : « ... Lâchez les matraques et cessez les manœuvres indignes de vos fonctions... ».

Quand même, chère Line-la-Ministre, c’est pas rien quand on y pense ! Je lisais ça et je me demandais comment tu te sens dans ton fond quand tu lis pareilles choses de la part de tes ex confrères ? Tu n’aimerais pas mieux cette gang-là plutôt que de devoir aujourd’hui faire du financement « sectoriel » avec celle de tes nouveaux copains de copinage, — que tu jures la main sur le cœur ne pas connaître et même que si tu l’aurais su, t’aurais pas venu !

Pathétique... non ? C’est pas une vie ça Line, pas une vie vraiment. En ce qui me concerne, chère Line, ce que je me demande depuis toujours c’est : Non mais faut-tu vraiment se salir les mains à ce point pour grimper l’escalier de la reine ? Faut-il descendre aussi bas pour grimper l’échelle du pouvoir ? Tu connais peut-être ces mots de Ronsart : 

« Ce n’est pas le rince-doigt qui fait les mains propres ni le baise-main qui fait la tendresse... »

Désolé Line si dans cette lettre je me suis un peu mélangé entre le toi et le vous, mais tu sais vous, on a été proches voisins quand même et te voilà ministre ; imagine un peu, tu demeurais au 21 et moi au 13 alors.... et malgré qu’on ait pas été ami-ami vraiment, reste qu’on s’est côtoyés à plusieurs reprises, dans les escaliers, lors de meetings, sur la rue, au métro du coin... Présentement dans ma tête, j’écris à une ministre et à une ex membre de ma coop en même temps, tu comprends, et en plus, il ne m’en faut pas beaucoup pour me mélanger — sauf pour l’indépendance de mon pays bien sûr. Ça c’est pas touche.

Eh ! c’est ça qui est ça ; je n’ai pas changé comme tu vois, vieux jeans vieilles godasses... le coeur à gauche. Dernière chose : tu te rappelles quand tu es déménagée avec Claude, c’était au petit matin, de printemps je crois bien, (faudrait que je vérifie dans les vieux procès verbaux) ; tu es partie à l’aube comme une voleuse, sans en parler à personne, et sans même payer ton loyer. C’est quand même pas bien ça Line-la-Ministre. Remarque que je ne t’en veux pas pour le loyer vu que dans ce temps-là, j’ai fait ça moi aussi, mais qu’avec des proprios ripoux faut dire (on est pas des salauds), genre collecteurs de fonds du Parti Libéral... ou alors entrepreneurs avec un beau grand bateau blanc...

Et pourtant, chère Line-la-Ministre, tu es bien placée pour savoir que dans une coop, ce sont les autres membres qui ont dû payer ta note. Mais bon, on efface le tableau si tu veux bien, et j’espère qu’il en sera de même de ton côté. Mettons que c’est ma façon à moi de contribuer au débat étudiant et que je n’ai pu m’empêcher... Après tout, on a été membres de la même coopérative d’habitation... non ? Je dis ça parce que je ne voudrais pas me retrouver avec une mise en demeure dans ma boîte à malle demain matin.

Il est vrai que par les temps qui courent, des mises en demeure... il en pleut à la tonne par chez vous ; c’est comme qui dirait un premier réflexe de défense quand les gazettes se mettent à causer de petits déjeuners siciliens.

Remarque que de te regarder aller depuis un bon moment, plus rien ne me surprendrait de ta manière. Et puis... on a bien dû t’apprendre au cours de ta longue et plantureuse carrière que les vauriens n’ont pas de prix.

Tout comme la liberté.

André Vincent
président fondateur de la coop P.


*** 

Merci M. Vincent. Votre lettre tombe on ne peut mieux, en ces temps qui courent. N'a même pas eu le temps de sentir les boules à mites. C'est pour dire. Merci encore.

mardi 27 novembre 2012

Scandales municipaux - Le départ d’un maire

Le maire de Toronto, Rob Ford, s’adressant aux médias, lundi, après que La Cour supérieure de l’Ontario eut décidé de le destituer.

Josée Boileau
27 novembre 2012
Le Devoir  

On ne pouvait imaginer meilleur contraste. D’un côté, le maire de Toronto, Rob Ford, destitué pour une affaire de papier à lettres. Au Québec, même être accusé de fraude ne suffit pas pour pousser un maire hors de son siège, comme le prouve Richard Marcotte à Mascouche. Et la commission Charbonneau qui en a encore ajouté une couche… Il y avait bel et bien un parfum de laxisme dans l’air lundi.

On aura beau croire que le même esprit les habite, les mécaniques judiciaires et les lois distinguent le Québec de l’Ontario en matière de conflits d’intérêts. Ainsi, à partir du moment où le maire de Toronto était reconnu coupable d’avoir contrevenu à la Loi sur les conflits d’intérêts municipaux, une seule sanction était possible : la destitution.

La même intransigeance se retrouve ailleurs. À Toronto toujours, le code municipal précise qu’il faut être inscrit en bonne et due forme au registre des lobbyistes pour pouvoir traiter avec les élus. De même, les conversations informelles que les citoyens peuvent avoir avec un décideur sont « encadrées » : une rencontre à l’improviste ne doit jamais être l’occasion d’influencer un décideur, qu’il soit élu ou fonctionnaire.

Le Québec n’a pas, et ne prévoit pas avoir, de telles dispositions. Au printemps dernier, le commissaire au lobbyisme n’a pas voulu pousser aussi loin ses recommandations de changements législatifs. L’exigence ontarienne semblait en effet bien puriste. Mais à la lumière de ce que l’on entend à la commission Charbonneau, comme ce fut encore le cas lundi, ce purisme a quelque chose de salutaire.

Ainsi du jugement de la Cour supérieure sur Rob Ford qui reprend les mots de la commissaire à l’intégrité de Toronto. Celle-ci insiste sur un point : un donateur potentiel risque fort d’être influencé par la position occupée par celui qui demande. Le motif du financement (dans le cas du maire Ford, une activité de charité) n’a aucune importance, c’est la manière de faire qu’il faut superviser.

Or, au moment même où la décision ontarienne était rendue, Michel Cadotte, de la compagnie IPEX, était en train de raconter à la commission Charbonneau sa participation à des activités de financement pour le parti de l’ex-maire de Montréal, Gérald Tremblay. Une occasion pour M. Cadotte de faire valoir au maire la qualité des tuyaux en PVC fabriqués par sa compagnie (matériel utilisé dans 95 % des villes du Québec, mais que Montréal refuse curieusement, préférant les tuyaux en fonte). Une occasion aussi de faire un chèque à la firme de génie qui avait organisé la rencontre, pourtant destinée à des fins politiques. Lobbyisme, tentative d’influence sur un décideur, contournement de la loi sur le financement des partis : il y avait là bien des « méthodes » à dénoncer !

Ce genre de rencontres a pu pourtant avoir lieu impunément, à Montréal, à Laval comme ailleurs au Québec, pendant des années. « Trente ans ! », a dit lundi un autre témoin de la commission, Piero Di Iorio, pour résumer les assises bien solides de la collusion à Montréal. On en a d’ailleurs maintenant bien compris le fonctionnement, mais on reste ébahi, au fil des témoignages, de son ampleur et de sa notoriété.

Rob Ford se plaint qu’un complot gauchiste a eu sa peau à Toronto. C’est plutôt la force des mécanismes d’encadrement qui a eu raison de son attitude je-m’en-foutiste, véritable contre-pouvoir quand le pouvoir dérape. Toronto a son commissaire à l’intégrité depuis 2004, Montréal n’a toujours qu’un conseiller… Ceci explique en partie les cela énoncés par Cadotte, Di Iorio et compagnie. Oui, l’Ontario a des leçons à nous donner.

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Au Québec, est-ce parce qu'on est plus colonisés qu'ailleurs, au Canada, qu'on n'ose pas se montrer intraitables juridiquement parlant, "par la force des mécanismes d’encadrement", à l'égard des escrocs et des ripoux de tout genres? D'abord, et avant tout,  de ceux qu'on aurait élus ... par erreur sur la personne.

Merci, madame Boileau,  de dire tout haut ce qu'on pense depuis longtemps. Et qui nous rend si en colère. Mais il est vrai qu'au Québec: «On montre nos grosses dents, mais aucune mâchoire pour attraper Commentaire: Carole Dionne, inscrite, Le Devoir.

dimanche 25 novembre 2012

No more Québec - Les États-Désunis du Canada - extrait 1





Le Canal D diffusera prochainement une série de reportages sur Les États Désunis du Canada.

À surveiller.


vendredi 23 novembre 2012

Duchesneau sollicite des dons, mais nie revenir sur sa parole

Jacques Duchesneau a réagi à l'affaire au Parlement à Québec, vendredi.
Jacques Duchesneau ne voit pas de contradiction entre sa participation à une campagne de financement de la Coalition avenir Québec (CAQ) et son refus annoncé en campagne électorale de solliciter des dons.

Depuis quelques jours, un message téléphonique enregistré par Jacques Duchesneau est en effet envoyé automatiquement à environ 1 million de foyers québécois pour solliciter un don de 20 $ pour la CAQ.

En se lançant en politique, le principal intéressé se disait pourtant incapable de solliciter des dons. D'ailleurs, lors de la dernière campagne électorale, la CAQ, qui demandait à chacun de ses candidats de réunir jusqu'à 25 000 $ pour pouvoir porter les couleurs du parti, avait fait une exception pour M. Duchesneau.

Mais Jacques Duchesneau n'y voit pas de problème. « Il y a une différence entre faire de la sollicitation pour ramasser un 15 000 $-25 000 $ pour mon comté, ou d'y aller avec un lancement populaire, à 20 $, où on veut justement inciter les gens à s'impliquer en politique », a-t-il déclaré vendredi, à Québec.

Le député caquiste estime par ailleurs qu'un don de 20 $ permet aux gens de s'impliquer en politique sans « attendre un retour d'ascenseur ». « Mais c'est en même temps nous donner les moyens pour faire le travail », a-t-il conclu.

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Un million de foyers québécois auraient donc reçu cet appel, cette semaine. Peu importe le parti pour lequel on milite ou pas.  

Avez-vous été honoré par l'appel de M. Duhesneau?  Moi, oui. 

mercredi 21 novembre 2012

Budget Marceau: Habile

Comment couper la tarte, non pas en quatre, mais en deux, 
selon un gouvernement minoritaire.   
Graphique Le Devoir

Blogue Sébastien Bovet
Radio-Canada
Le premier budget d’un gouvernement est un moment important. Un gouvernement majoritaire a les coudées franches, il peut imposer ses vues, appliquer son programme électoral.

Le gouvernement de Pauline Marois n’a pas eu ce luxe dans le premier budget qu’il a présenté. On cherche même la plateforme électorale du PQ. Le fonds des générations survit, la contribution santé aussi — on l’appelle maintenant « progressive » — des taxes augmentent et des impôts aussi. Pas de quoi faire baisser le cynisme envers la classe politique. On se demande même si le PLQ n’aurait pas pu écrire ce budget, tellement il reprend certaines de ses priorités : dette, contrôle des dépenses, taxe santé…

Parlant du PLQ, et peut-être un peu de cynisme, il accuse aujourd’hui le PQ de ne pas faire ce qu’il avait dit qu’il ferait en campagne électorale. Mais en campagne électorale, il disait que ce que le PQ proposait était irresponsable. Des fois, on cherche la cohérence.

Cela dit, ce budget est habile sur plusieurs aspects stratégiques.

D’abord, il évite au gouvernement d’être défait tout de suite. Les libéraux ont beau dire qu’ils placent Pauline Marois en sursis, ils ne devraient pas passer aux actes dans un avenir prévisible. Le prochain chef libéral voudra s’installer, redéfinir le programme, mobiliser les troupes. Rendez-vous au printemps 2014.

Ensuite, le gouvernement taxe le « vice ». Personne n’ira manifester dans les rues contre une augmentation des taxes sur le tabac ou l’alcool. Et dans l’esprit de bien des gens, ceux qui gagnent plus de 100 000 $ ont les moyens de payer plus d’impôts. Pas de manifestation en vue là non plus.

En promettant de contrôler l’augmentation des dépenses, en se préoccupant de la dette et en annonçant des consultations sur l’augmentation des redevances minières, le gouvernement rassure le milieu des affaires où il était un peu en déficit de sympathie. Habile, ça aussi.

Finalement, en augmentant les budgets de la santé, de l’éducation, de la famille et de l’enseignement supérieur, il protège les missions fondamentales du gouvernement.

Stratégiquement, donc, le gouvernement gagne du temps, mais son deuxième budget sera plus difficile à faire passer.

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On dit bien: «Un jour à la fois.»
On peut bien dire: «Un budget à la fois.»